L'Escale, rue Monsieur le Prince, dans le quartier latin, est un des plus ancien bar cubain et latino-américain de Paris. La création de l'Escale date de 1945 comme un cabaret et bar fréquenté par des étudiants, des intellectuels et des personnalités célèbres.
Après le Melody's bar, La Cabane Cubaine,et d'autres temples du son et de la rumba (lire notre article consacré aux années 30), l'Escale va tisser, dans les années 50 et 60, une relation intime de la sociétéparisienne avec l'Amérique latine, pour ensuite participer dans les années 70 au déferlement de la vague salsa.
J'ai réuni dans ces pages les premiers éléments permettant de retracer l'histoire de l'Escale depuis 1947 à sa fermeture. Au fur et à mesure de mes découvertes, cette histoire sera enrichie et complétée...
C'est en 1947 qu'ouvre le cabaret L'Escale, à l'origine un ancien bordel du Quartier latin, rue Monsieur le Prince.
Rafaêl Gayoso, un des fondateurs du groupe mythique Los Machucambos, né dans l'univers de l'Escale, se rappelle : "Elle a été fondée par un couple, un Espagnol et une Française qui s'étaient réfugiés pendant la guerre au Panama. Après la guerre ils retournent en France et ouvrent l'Escale. Ils engagent un guitariste, puis un deuxième. C'est ainsi que l'histoire a commencé. C'est là que nous nous sommes tous connus…" (1).
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Très vite, l'Escale devient le lieu de rencontre de la jeunesse d'Amérique du sud. Le soir, "Sur une petite scène commence le spectacle. Les mélodies flottent dans la nuit (…) L'endroit se transforme en temple de la musique latino-américaine. Parmi d'autres noms devenus célèbres, l'Escale est fréquentée par Atahualpa Yupanqui, García Márquez, Julio Cortázar, Alejo Carpentier…" (2).
D'après J. Lennhardt
L'Escale "joue sans le savoir un rôle non négligeable pour faire connaître aux Français une Amérique latine alors lointaine (...). Dans cet ancien bistrot d'étudiants, quelques futurs célébrités des arts plastiques,
Jesus Soto, Narciso Debourg<, Carlos Caceres-Sobrea et autres venaient pour le plaisir, pour quelques francs, chanter un folklore coloré avec guitare, flûte indienne et bombo. Barbara, Guy Béart, et tout un public d'intellos de la rive gauche découvraient, grâce à eux, rythmes et sonorités nouvelles d'un continent encore nimbé d'exotisme" (3).
Cette photo de 1952 montre que la première Escale était, plus qu'un cabaret, une sorte de maison de chant où se retrouvaient des artistes latinos de différents horizons et des Espagnols pour chanter le folklore de l'Amérique latine. Nous ferons plus tard d'autres découvertes, comme par exemple, le fait que ce modèle de cercle de chant (peña en Espagnol) a été reproduit au Chilie dans la mythique Peña de los Parra qui, une décennie plus tard, a profondément marqué la vie musicale et politique du Chilie au tournant des années 60 et 70…
Suivons pour le moment la trace des premiers artistes de l'Escale : Jesus Soto, Narciso Debourg, Carlos Caceres-Sobrea, Paco Ibanez.
Qui sont ils ? Que sont ils devenus ?
En ce tout début des années 50, Il y a parmi les musiciens qui jouaient à l'Escale "pour le plaisir et pour quelques francs" un jeune peintre vénézuélien qui sera plus tard un des plus grands représentants de l'art cinétique du XXe siècle : Jesus Rafaêl Soto.
En 1950, Jesus Soto quitte le Vénézuela pour Paris pour y poursuivre son projet artistique (grace à une bourse d'étude)
Soto retrouve alors d'autres artistes vénézueliens avec qui il a fait ses études depuis 1942 à l'Escuela de Artes Plásticas de Caracas : Alejandro Otero, Carlos Cruz-Diez, Ruben Nunez et Narciso Debourg.
Avec Narciso Debourg il fréquente l'Escale et tous les deux y jouent la guitare. Pendant 10 ans il va gagner sa vie en jouant la nuit à l'Escale et dans d'autres cabarets et restaurants du Quartier latin. (4). Il le fait pour le plaisir et pour subsister, poursuivant par ailleurs son projet artistique ambitieux. "Il chantait toute la nuit, puis il se levait tôt pour faire sa peinture".(1).
Lire l'entretien avec Rafaêl Gayoso
Rafaêl Gayoso, qui a connu Jesus Soto à l'Escale en 1957 raconte un événement marquant : un jour Soto ne se souvient plus des paroles de ses chansons. Il n'avait pas perdu totalement la mémoire mais juste les paroles des chansons ! Soto travaillait à l'époque dans un restaurant qui s'appelait Le Sabot. Rafaël va alors le remplacer pendant 3 mois en attendant qu'il retrouve la mémoire.
On le voit au centre de la photo historique de l'Escale de 1952 jouant à la guitare. Carlos Caceres Sobrea est un artiste argentin, né en 1923. Il réside toujours en France, à Gif sur Yvette où il s'est ins tallé depuis plus de 35 ans. Il fait partie du collectif d'artistes El Colectivo.
Tout récemment, en 2002, il a participé avec son campagnon de chant de l'Escale, Jesus Soto, à une exposition de solidarité en faveur des Assemblées de Quartier de la ville de Buenos Aires qui ont vu le jour dans la révolte pacifique argentine de décembre 2001.
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En 1952 ce groupe est rejoint par un autre artiste vénézuelien : Angel Hurtado.
"Así que, a los 27 años, me fui a Europa. Recorrí todo, y solo. Desde Grecia hasta los países escandinavos. Fue un viaje de aventura. Sin dinero. Al llegar a París, comparte con Jesús Soto la música como medio de sobrevivencia, y con él, Narciso Debourg y otros artistas, constituye el grupo Galipán, en el que Hurtado toca la percusión. Tocábamos en los restaurantes, y después pasábamos el sombrero. Incluso quedaron algunos discos grabados. Fue una etapa muy bonita." (5).
En 1952, donc, Angel Hurtado, un autre compagnon d'études de l'Ecole des Beaux Arts de Caracas, arrive à Paris, "sans argent", dans un "voyage d'aventure". Il joue la musique avec Jesús Soto "comme moyen de subsistance, et avec lui Narciso Debourg et d'autres artistes". Ils constituent alors un groupe : le Galipán, formé de Jesus Soto (guitarre), Narciso Debourg (?), Angel Ortado (percussions). Ils jouaient à l'Escale mais aussi dans d'autres lieux : "on jouait dans des restaurants, et ensuite on passait le chapeau et on vendait aussi des disques gravés. C'était une belle étape".
Toujours en 1952, Paco Ibañez, le futur célèbre chanteur espagnol, arrive à Paris. Il prend des cours de guitare classique et vient de découvrir Brassens et Atahualpa Yupanqui
Paco fréquente les cabarets du Quartier latin. A l'Escale il fait la connaissance de Jesus Soto qui "joue chaque nuit avec la chanteuse Carmela pour gagner de quoi vivre". Bientôt ils seront accompagnés à la guitare par un très jeune Paco Ibañez.(2) Jesus Soto sera pour lui un père spirituel.
En 1956, Soto, Carmela et Paco créent le trio Los Yares (2). Pendant 8 ans, Paco accompagne Carmela à la guitare, ils visitent plusieurs pays européens, et il réalise avec elle ses premiers enregistrements de disque. (6)
Paco Ibañez poursuit ensuite son parcours. En 1964 il sort son premier album sur des paroles de Lorca et Luis de Gongora avec un dessin de Salvador Dali. (2)
En février 1968 il fait son premier concert en Espagne puis s'installe à Barcelone. Durant cette année, on le rencontre sur toutes les scènes engagées en France et en Espagne. En 1969, le gouvernement espagnol l'inclut sur sa liste de censure, puis en 1973 il est interdit de tout spectacle sur le territoire espagnol.
Plus tard, à partir de 1983, le ministre de la culture espagnole, lui discerne à deux reprises la "Medalla de las Artes y Lettras " que Paco refuse d'accepter. Depuis 1990 il vit en Espagne.
A Paris, renouant avec ses camarades vénézuéliens, Soto évalue l'état de l'art depuis Cézanne et le cubisme. Deux courants dominent alors la scène culturelle parisienne : l'art informel et l'art abstrait. Il fréquente l'Atelier d'art abstrait de Dewasne et Pillet, le salon des Réalités nouvelles et son constat est généralement critique, même pour les tenants de l'abstraction géométrique qui ne font, selon lui, que simplifier la figuration. (7)
Décidant de s'en démarquer, Soto travaille sur des réalisations cinétiques où il procède à une réduction formelle avec l'intention d'aboutir à un langage pur. Il utilise des lignes et des formes mises en mouvement pour provoquer une sorte de vibration visuelle. Cet effet d`optique crée des volumes virtuels mouvants, pénétrables et suspendus dans l`espace.
Dans l'idée de l ' oeuvre transformable, je me suis particulièrement intéressé à rendre évidente l'existence d'un espace ambigu élastique et infini, pour lequel je devais m'éloigner de l'idée de masse et me rapprocher le plus possible de l'idée des Relations. L'espace, l'énergie, le temps et le mouvement, sont des entités universelles dont nous sommes tributaires." J Soto.
Soto est invité à participer à l'exposition collective "Le mouvement", organisée par la galerie Denise René. Il expose ses œuvres à côté de Vasarely, Agam, Pol Bury, Tinguely… en 1963 il remporte le Grand Prix Lobo de la Biennale de Sao Paolo et en 1964 le prix David Bright de la Biennale de Venise…
En 1973 le travail de Jesus Soto est recompensé. Au Venezuela, à Cidudad Bolivard il inaugure sa Fondation-Musée. Elle expose une importante collection de son oeuvre depuis les années cinquante et des ensembles historiques particulièrement riches de l'art constructif et cinétique international.
Le tournage dans l'atelier parisien de Soto ainsi que l'œuvre monumentale filmée sur les Champs Elysées lors de l'exposition "Champs de la sculpture" en 1997 permettent de rendre compte de sa recherche sur l'immatériel.
A travers les années, Paco Ibanez et Jesus Soto restent unis par une amitié profonde et par une trajectoire commune et constante à la recherche d'un idéal de beauté.
50 ans après, en 2002, pour fêter leur rencontre à Paris, ils produisent un album : Fue Ayer (c'était hier). Un recueil de boleros, de bambuco, de zamba, de cachuliapi... qui s'entremêlent pour faire un bouquet de chansons d'Amérique Latine qui est un témoignage d'une époque et du début d'une solide amitié."Pour lancer leur disque, Paco et Soto se sont retrouvés début mars 2004 dans le lieu de leurs premiers accords communs : la cave voûtée de l'Escale. Ils ressemblaient à des lycéens débonnaires réunis dans le garage de leurs parents, autant pour chanter que pour échanger des blagues ou des commentaires sur l'actualité. Dans l'assemblée, les vieux potes étaient là, dont un discret dandy aux cheveux blancs, nommé Moustaki. Leur répertoire est avant tout latino-américain. Chaleur, poésie et humanité se dégagent de ce disque singulier." (8)
Jesus Soto est mort à Paris en janvier 2005.
En 1953 un jeune chilien, nommé Alejandro Jodorowsky, arrive à Paris. Il fait des études de mime et intègre une année plus tard la troupe de Marcel Marceau. En 1962, avec Arabal et Topor, il fonde le Théâtre Panique à Paris. En 1963 son Opéra de l'Ordre fait scandale à Mexico, on considère qu'il attaque les institutions nationales et et on exige qu'il soit expulsé du pays. Depuis 1965 l'histoire du panique appartient au domaine public. Jodorowsky crée la société mexicaine cinématographique Producciones Panicas grâce à laquelle il réalise Fando y Lis (1969), EI Topo (1971) qui clôture le Festival de Cannes, et d'autres films cultes : La Montana sagrada (1973), Tusk(1979), Santa sangre (1989), The Rainbow Thief (1990) et Viaje a Tulún (1994).
Sur le site www.raintaxi.com, on peut lire un texte (en anglais) d'Alejandro Jodorowsky, daté de 1999. Il est interviewé par Jason Weiss (9). Jodorowsky se rappelle ses premières années à Paris, ses rencontres avec les existentialistes et ses nuits à l'Escale.
JW : Est-ce que Paris représentait quelque chose de spécial pour vous, quelque chose de magique, avant que vous y alliez ?
AJ : Oui, parce qu'au Chili la chose la plus importante à l'époque était la poésie. Il y avait Neruda et Huidobro. Vicente Huidobro, sa mère avait un salon littéraire à Paris, et il était très connu là-bas. Alors chaque Chilien qui allait à Paris allait au centre culturel de la littérature et de la poésie. C'était un mythe. Donc bien sûr je suis allé à Paris pour ca.
Jodorowski raconte ensuite sa rencontre avec le mythe. C'était terrifiant car il est arrivé sans argent et il ne parlait pas un mot de français. Il avait faim. Il va apprendre le Français dans la rue.
Qui va-t-il rencontrer en premier ? A l'époque, explique-t-il, c'était la montée de l'existentialisme : "J'ai vraiment été en contact avec le cœur des existentialistes, des gens qui étaient les punks de l'époque (…)". Comment les a-t-il connu ? "Par chance. Ils allaient et venaient autour de Saint-Germain de Prés". Un jour, il rencontre un Chilien dans une pharmacie, un type bizarre qui voulait acheter de l'élixir parégorique, un médicament contre la diarrhée qui contenait de l'opium. Ce type va le présenter à un premier groupe, qu'il n'apprécie pas parce qu'il fallait être ivre et défoncé toute la journée, et cela ne lui apportait rien. C'était quand même intéressant car "ces gens doivent être une légende maintenant". (Il ne donne pas de noms).
Ensuite, il a l'idée d'aller du côté de la rue Cujas derrière la Sorbonne. A l'époque, le grand mythe de la Sorbonne était Gaston Bachelard. "C'était très intéressant de le renconter". Dans la même rue, il y avait le poète Nicolas Guillèn qui vivait en exil, à qui on pouvait rendre visite tous les jours. Ces gens étaient "les intellectuels qui ont été expulsé de leurs pays. C'était en 53, 55 et tout au long des années 60. Et…".
"There was a place called L'Escale, on Rue Monsieur le Prince, where everyone went to dance and especially to meet French girls who liked South Americans. The only place where you could get yourself a French girl. We'd be there all night long. Latin Americans would come from all over to sing there, later the songs became quite famous."
Il y avait un lieu nommé L'Escale, dans la rue Monsieur le Prince, où tout le monde allait danser et surtout rencontrer des filles françaises qui aiment les Sud Américains. Le seul endroit où vous pouviez vous trouver une fille française. Nous y restions toute la nuit. Les Latino-Américains venaient de partout pour chanter là-bas, et plus tard les chansons sont devenues célèbres."
A l'Escale Alejandro Jodorowski a certainement écouté Jesus Soto, Paco Ibanez, Carmela, Narciso Debourg et d'autres Latino-Américains qui "venaient de partout pour chanter". Et puis il y avait Violeta Parra, la chanteuse de légende chilienne, Jodorowski a du la rencontrer en 1954, année où elle est arrivée à Paris, pour un séjour de deux ans. "Elle était une amie à moi". Il a certainement été là les soirs où la voix de Violeta Parra imposait silence et respect dans l'endroit. "Plus tard les chansons sont devenues célèbres", nous y reviendrons.
Dans la suite de l'interview Jodorowski évoque les difficultés relationnelles qu'éprouvaient paradoxalement les Latino-Américains dans la société française de l'époque :
JW : Vous cherchiez à être avec des Latinos-américains, ou avez-vous essayé de rencontrer également des Français ?
AJ : Je me trouvais avec des cas comme celui d'El Greco, qui était Argentin, et qui s'est suicidé écrivant la fin du monde avec son propre sang. C'était un des premiers artistes conceptuels, il filmait les gens dans la rue, il a fait un spectacle où il y avait seulement des toiles blancs… J'ai rencontré des gens comme lui. C'était difficile de rencontrer des Français. IL y avait une grand rejet de la part des Français. Alors je me suis fais des amis parmi les Latino-américains (…).
Ces difficultés relationnelles sont à mettre en relief avec le fait que l'Escale était peut être, comme le dit Jodorowski, "le seul endroit" où on pouvait "rencontrer des filles françaises qui aiment les Sud Américains<". Dans la ville "centre culturel de la littératrue et de la poésie", terre d'asile des intellectuels latinos fuyant les dictatures de leurs pays, dans cette même ville régnait également une méfiance d'une ampleur importante à l'égard de l'élément latino-américain.
Parmi les figures de référence du Barrio latino parisien (Quartier latin) des années 50 et 60 émerge le nom du grand chanteur argentin Atahualpa Yupanqui. Son influence fut importante sur les chanteurs qui se sont succédés à l'Escale.
A côté de Georges Brassens, il a été le grand inspirateur de Paco Ibañez, avec qui il partage d'ailleurs des origines espagnoles (Atahualpa Yupanqui est né d'un père argentin et d'une mère basque).
Son parcours va constituer un modèle de référence pour Violeta Parra, la mère de la nouvelle chanson chilienne, qui va bientôt faire son apparition au Barrio latino parisien et à l'Escale à partir de 1954. Il aura ensuite une grande influence sur ses enfants, Angel et Isabel Parra, qui vont séjourner en France entre 1962 et 1965 où ils se produiront à l'Escale et à la Candelaria. Isabel Parra raconte que Atahualpa Yupanqui était leur voisin. Elle le voyait et l'écoutait chanter à la fenêtre d'en face.
En savoir plus sur Atahualpa Yupanqui et son influence
Violeta Parra, la mère de la nouvelle chanson chilienne, a chanté à l'Escale entre 1954 et 1956, lors de son premier séjour à Paris.
Elle y retourne une deuxième fois entre 1962 et 1965 où
elle chante à nouveau à l'Escale et à la Candelaria,
en compagnie de ses enfants Isabel et Angel Parra. Cette expérience
a fortement inspiré la légendaire Peña de los
Parra qu'Angel et Isabel, de retour au Chili, ont créé
à Santiago en 1965. Cette maison de chant a été
un modèle qui s'est reproduit dans plusieurs villes du Chili
et presque dans toutes les universités. Alors que Violeta Parra,
de retour au Chili, se suicide en 1967, la vague de la nouvelle chanson
chilienne qu'elle a créée va se propager dans le pays
et joué un rôle important dans l'engagement politique
de la jeunesse. S'ensuit l'élection d'Allende, puis le coup
de push de Pinochet et l'arrivée en France des exilés
chiliens. Parmi eux, Isabel et Angel Parra, d'autres chanteurs de
la Peña de Santiago et une future grande voix du Chili,
Mariana Montalvo qui vient chanter à l'Escale avant de rejoindre plus tard le groupe Los Machucambos.
Lire cette histoire
Les années 60 seront celles du grand succès, au niveau international,
du groupe Los Machucambos, né dans l'univers de la petite Escale,
à la fin des années 50.
L'histoire des Machucambos commence en 1957 lorsque ses futurs fondateurs, un Espagnol
(Rafaêl Gayoso), une Costaricéenne (Julia Cortes), et
un Italien (Romano Zanotti), vont se connaître à l'Escale.
En 1961 le groupe enregistre un célèbre cha cha cha,
Pepito, qui fait le tour du monde. C'est avec l'argent de Pepito (7
millions de disques) que les Machucambos achètent l'Escale
en 1964.
Autour des Machucambos, dans la cave de l'Escale, tout un cercle d'artistes
et de musiciens va constituer le groupe résident de l'Escale.
"Dans les années 70 à l'Olympia nous avons donné
un spectacle complet avec tous les musiciens de l'Escale."
(1). Lire l'entretien avec Rafaêl Gayoso
Les musiciens de l'Escale vont jouer un rôle important sur la scène
musicale latine et plus tard, à partir des années 70,
dans l'implantation de la nouvelle musique salsa à Paris.
Si l'Escale a été dans les années le berceau de la musique latino-américaine
à Paris, époque de fusion qui a accueilli des jeunes artistes
et intellectuels latino-américains et qui a permis la naissance de
divers groupes comme les Machucambos, c'est dans les années 70 que
ce petit lieu va confirmer son statut légendaire, puisqu'il va accueillir
des nombreux artistes de renommées fuyant les coups d'Etat en Amérique
du Sud, et notamment des Chiliens.
Le témoignage précis d'un couple d'habitués, Jean et Régine LAQUERRIERE,
nous permet de revivre cette époque :
"A la musique traditionnelle, puis aux chants engagés d'A. Yupanqui
et de J. Marty , vinrent s'ajouter Victor Jara , Quarteto Cedron , C. Puebla
et d'autres.L'escale a dû accueillir bon nombre de ces déracinés.
La légende du lieu voulait même qu'en cas de contrôle par la maréchaussée,
il suffisait de descendre au niveau inférieur et là, une porte
permettait de rejoindre par des couloirs la place de l'Odéon." (10)
Lire le témoignage de Jean et Régine LAQUERRIERE
A la fin des années 70, Pierre Goldman*, journaliste et personnage-phare
de la gauche héritière de mai 68, va jouer un rôle important
pour faire connaître la nouvelle musique salsa à Paris jusqu'à
devenir son premier promoteur.
Goldman était journaliste au jeune quotidien Libération. Sa passion
pour les tropiques des Caraïbes ne l'a jamais lâché. Il
va se consacrer à la pratique de la musique salsa et à sa
promotion. Vivant sa passion au quotidien, son monde s'organise autour d'activités
liées aux Caraïbes. Avec son cercle d'amis antillais et latinos-américains,
il fréquente l'Escale.
En 1979, il s'associe à son ami Jean-Luc Fraisse, patron de La Chapelle des Lombards, pour faire venir Camillo Azuquita, un brillant chanteur à
New York d'origine panaméenne. Pour accompagner Azuquita, Goldman
et Fraisse font appel à des musiciens antillais du groupe résident
de l'Escale. (9)
Pierre Goldman a été assassiné à Paris en septembre
1979. Son assassinat a été revendiqué par un groupouscule
inconnu d'extrême droite.
Lire l'article détaillé : Pierre Goldman et l'aventure de la salsa à Paris
Ecrit par Nazem
2017 : en cours de réactualisation
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